L'habitat bressan (cf: série de photos en bas de page) et plus spécifiquement la forme des toits attestent l'appartenance de la Bresse Savoyarde à la moitié sud de la France : couverture basse, tuiles creuses ; ces toitures sont fréquemment à quatre pans, inégaux. Les matériaux proviennent d'emprunts faits à la plus proche nature : galets roulés, terre (torchis et pisé), terre cuite ou brique, bois et, près des régions montagneuses (Revermont), la pierre. La maison bressane traditionnelle associait étroitement deux éléments : une carcasse de bois et un remplissage. L'armature reposait sur un socle de pierres ou de briques qui servait de fondation. Les pièces de bois découpées sommairement qui soutenaient la carcasse s'appelaient les soutes. La matière première du pisé était prélevée sur place : la cavité ainsi creusée devenait une mare ou serve. La ferme bressane désigne simplement le centre de l'exploitation avec ses bâtiments, sa cour, son puits, sa mare et par extension, toutes les terres qui en dépendent : c'est l'héritière de la « manse ». La partie bâtie s'organise de diverses façons en une ou plusieurs unités selon l'importance du domaine ou l'activité dominante de l'exploitation (céréales ou élevage) ainsi les diverses constructions encadrent une cour à laquelle on accède par un « passoir », portail monumental, surmonté éventuellement d'une tour-pigeonnier dans les grosses fermes. Les bâtiments principaux respectent toujours une orientation Nord-Sud, la façade « majeure » le plus souvent exposée à l'Est, ils comprennent la demeure des exploitants où une chambre où un coin, en bout de construction est réservé aux « anciens », le bâtiment de buge ou bute c'est-à-dire le lieu où se trouvent les étables pour les bœufs et les vaches, l'écurie pour les chevaux (et au dessus les greniers bien aérés pour le fourrage). Enfin, nous trouvons l'abri pour le matériel et un peu à l'écart une bâtisse où sont regroupés le four, la « soue » (ou loge) pour les porcs et le poulailler. Il est à noter quelque chose étonnant : ces maisons étant construites avec des matériaux relativement légers, elles pouvaient être déplacées lors d'une vente ou d'une saisie. Le local d'habitation se distingue le plus souvent des autres éléments de construction par certains signes extérieurs , les maisons nobles campagnardes (bourgeoises) possèdent un étage d'où leur désignation de « maison haute », les colombages apparents donnent à ses demeures fière allure. Le trait dominant est sans nul doute le débordement des toits dans tous les sens, ce qui permet d'aménager sous les avant-toits toute sorte d'abri galeries appelées êtres (ou aîtres), évier, lavoirs, laiteries, celliers ; le puits et le stockage du bois y trouvent refuge. Si l'avant-toit est peu saillant il est soutenu par des potences. Depuis l'être on accède au grenier (à grains surtout) par un escalier : une petite plate-forme précède la porte d'entrée, c'est le « peuton ». La charpente de l'être servait à beaucoup de choses : pendre le maïs pour le faire sécher ou accrocher la cage à fromages.
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Le vaisselier comprend deux parties : le corps du bas sert à ranger les aliments, selon les dimensions du meuble, il peut avoir de deux à quatre portes, le corps supérieur ouvert possède plusieurs rayonnages où l'on exposait la vaisselle plate. Ce vaisselier peut se complexifier avec l'ajout de petites armoires latérales ou d'une horloge placée au centre. Les horloges sont nées à la fin du XVIIIème siècle. Elles étaient faites d'un seul bois, forme élancée, base solide. Le balancier est visible, le cadran émaillé est décoré d'un motif symbolique : un soleil ou un coq en bronze. Remarquons qu'elles pouvaient servir de cachette pour les écus (les horloges se fermant avec une clé). La laiterie reste très simple, la visite de la « maison » bressane avec un coup d'œil toujours attentif à quelques « petits » meubles utilitaires :le pétrin, le berceau, le rouet, la boite et la chaise à sel .
Photos diverses
L'habitat
L'intérieur était sobrement distribué : quelques chambres, au centre la chambre du poêle et surtout la pièce principale appelée « la maison », vaste, meublée de coffres et d'armoire, qui servait tout à la fois de cuisine, de salle de réception, de chambre à coucher pour les adultes et les jeunes enfants ; les repas étaient pris sur une longue table étroite, les convives assis sur les bancs. C'est dans cette pièce commune, qu'autour du feu entretenu dans la cheminée se déroulaient les longues veillées d'hiver. La cheminée à la forme d'un énorme entonnoir renversé soutenu par deux grosses poutres maîtresse supportant elles-mêmes deux poutrelles. Le sommet de l'entonnoir débouche sur le faîte du toit, il est protégé par une construction, la mitre, originale, particulièrement soignée ; l'ensemble foyer et mitre constitue ce qu'on a baptisé « cheminée sarrasine » (c'est-à-dire cheminée « étrangère ») au XVIIlème siècle. L'expression a survécu, en fait les constructeurs de mitres durent s'inspirer de modèles très proches : les clochers romans. L'influence religieuse est encore attestée par la présence de la croix sur les mitres ou encore d'une cloche qui servait à convoquer pour les repas les paysans éloignés par les travaux des champs. La qualité, la richesse ou l'élégance de ces mitres semblent aujourd'hui faites pour étonner ou fasciner le touriste. On déplore toutefois leur disparition progressive (une trentaine aujourd'hui sur les centaines du Moyen-âge). La grande salle commune, la « maison » meublée sobrement comportait tout de même quelques pièces presque indispensables : tout d'abord l'armoire (la fameuse armoire bressane) appelée garde robe ou cabinet, vaste, massive, coiffée d'une corniche rectiligne, élément de la dot de la jeune fille qui pouvait y enfermer son trousseau. Les ferrures, soignées, sont à elles seules de véritables œuvres d'arts. Au XIXème siècle, se sont multipliées dans les demeures les plus cossues, les crédences, sortent de buffet à deux corps où l'on rangeait le linge, la vaisselle ou les aliments. La table bressane, sobre, est longue et étroite à quatre, six ou huit pieds reliés par une barre longitudinale et des traverses. Deux bancs sans dossier longent la table. Ailleurs dans la pièce quelques escabeaux de bois, peu de chaises , parfois un fauteuil pour les vieillards.
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