Les évènements de la vie
Jusqu'à la dernière guerre, la Bresse était restée très traditionaliste, ce qui impliquait un certains nombres de rites stricts pour différents événements de la vie du bressan : La naissance : L'accouchement avait lieu à la maison, aller à la maternité aurait constitué une sorte de déchéance et ces cas étaient réservés aux indigents. Quand approchait la naissance, on terminait les préparatifs : les langes et surtout un corset appelé « mayoule » en grosse toile destiné à envelopper et immobiliser le nouveau-né. Le moment venu le père allait chercher la sage-femme. En attendant la future mère était entourée par sa mère et des voisines. Tout se passait dans la pièce commune, « le spectacle » était interdit aux hommes et aux enfants. Le mariage : Tout d'abord, la demande en mariage représentait à elle seule tout un cérémonial. Elle incombait généralement aux parents qui en référaient à une personne de confiance : souvent le parrain du garçon. Ce dernier se rendait alors chez les futurs beaux-parents. Au cours de cette entrevue, on discutait du bétail, des cultures... Pour en arriver à la délicate question. Les futurs beaux-parents prenaient le temps de répondre, comme le veut la tradition en Bresse. La jeune fille tenue à l'écart, la plupart du temps de cette conversation était cependant quelques fois interrogée sur son désir ou non d'être courtisée (mais cela restait rare). En cas d'accord les « courtisailles » pouvaient commencer. Et lors d'un grand repas copieux, les deux familles se réunissaient chez les parents de la mariée pour discuter de l'installation des futurs mariés. On signait, ensuite, un contrat chez le notaire dans lequel on précisait les pièces du trousseau et les biens des futurs époux, on fixait enfin la date de la cérémonie. Le mariage devait être la question la plus importante de la vie familiale, car elle mettait en jeu, outre les interrogations morales et sentimentales, des questions matérielles qui intervenaient tant dans les questions de ressources (notamment la possession des terres) que la place dans la hiérarchie sociale. Même s'il y eu quelques évolutions au cours du temps, un fils de propriétaire ne devait pas épouser une servante et vice et versa (la tendance à se marier dans la même profession se constatait le plus souvent). Il y avait peu de mésalliances et on considérait avec intérêt le rapprochement des terres et l'agrandissement du domaine. Les jeunes filles et garçons trouvaient quand même quelques occasions de se rencontrer (travail, veillées, fêtes...). Quand une idylle s'annonçait, démarraient alors les formalités et cela n'était pas simple. Le jour du mariage, les participants se réunissaient chez la mariée. Après un réconfort (café, vin blanc, marc, brioche,...) on se dirigeait vers les voitures à cheval décorées de rubans blancs qui emmenaient les invités. Après les formalités et le discours du maire, on se rendait de la mairie à l'église à pieds. A l'église le prêtre unissait et bénissait les jeunes époux en exprimant sa joie de réunir les familles du pays. A la sortie de l'église, un large ruban blanc était tendu par les enfants de chœur et barrait la sortie. La mariée et les jeunes filles devaient les embrasser, moyennant quoi, la voie était libre. Le cortège se dirigeait enfin, vers l'auberge et la fête commençait. On y dansait beaucoup. Le temps passait et on retournait à la maison pour le repas de noce qui se tenait ordinairement au domicile de la mariée. Le décès : dans les familles bressanes, le décès occasionnait un certain nombre de rites inspirés de la tradition chrétienne et la presque totalité des enterrements entraînait un service religieux. Dans la première moitié du XXème siècle, on ne mourait pas à l'hôpital (s'y faire soigner engendrait une humiliation, cela était réservé au miséreux ou en cas d'extrême urgence). Le malade mourrait dans sa famille. Il était admis par tous que soigner les anciens devenait un devoir. La solidarité familiale jouait un rôle important ainsi que celle des voisins, on se relayait pour veiller les mourants. Après le décès, sur la table de nuit, on disposait un crucifix, deux cierges bénits à la chandeleur, un verre d'eau bénite dans lequel on trempait des rameaux de buis. Les femmes amies mettaient la maison en ordre pour recevoir les visiteurs, on fermait les volets. Des voisins se relayaient pour passer la nuit auprès du défunt. Les obsèques se déroulaient en principe le surlendemain du décès. Le prêtre, accompagné d'un ou deux enfants de choeur, procédaient à la levée du corps. Le cercueil placé dans le corbillard, se dirigeait ensuite vers l'église. A cette époque, l'office religieux (messe des morts) était célébré en latin avec le chant des psaumes. La cérémonie se terminait par la bénédiction du corps et l'offrande. Chaque assistant traçait le signe de croix sur le cercueil avec un buis bénit et déposait une pièce dans le plateau prévu à cet effet. Puis l'assistance accompagnait le défunt jusqu'au cimetière ; au portail, la famille recevait les condoléances et remerciait chacun, chacune de sa présence. Pour le décès d'un mari la veuve s'habillait en noir pendant deux ans puis elle portait des couleurs plus claires (blanc ou mauve) durant une année ; cela s'appelait le demi-deuil. Le grand deuil exigeait pour les femmes le chapeau à grand voile de crêpe noir que l'on rabattait sur les yeux le jour des obsèques. Les hommes portaient un brassard noir sur la manche gauche ainsi qu'une veste et une cravate noire. Dans les fermes importantes, le personnel prenait le deuil et il fallait fournir vestes et cravates noires pour les valets, et des robes de teintes noires pour les servantes. Bien qu'ayant régressée fortement avec les progrès de la médecine, la mortalité infantile demeurait assez importante à cette époque. La broncho-pneumonie entraînait de graves complications et souvent, la mort. Les accidents, comme les noyades dans les mares, venaient s'ajouter aux causes mortelles. Le décès des enfants attristait considérablement les villageois. Le cercueil, de petite taille, conduit par une voiture à cheval, était pris à l'entrée du village par les enfants de son hameau, et porté à l'église où l'on chantait le « laudate » chant de louanges pour le départ d'un ange. Le glas sonnait différemment : deux petites cloches qui faisaient peine à entendre.
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